Le secrétariat national du RCD s’est réuni en session ordinaire, le 14 mai 2020, à Alger. Il a mis à son ordre du jour le bilan des activités des structures du parti et la situation générale du pays.
Il enregistre avec satisfaction l’implication des structures locales et des militants du Rassemblement, en particulier des élus, dans l’aide et l’organisation de la solidarité avec les populations dans cette période de crise sanitaire et de difficultés sociales aggravées pour l’immense majorité. Il note aussi la mobilisation des avocats du parti et autour, particulièrement du département des droits de l’Homme, pour assister les nombreux détenus d’opinion et leurs familles devant l’arbitraire qu’ils subissent de la part des pouvoirs publics, notamment, durant cette période de confinement.
Ceux qui accordaient un peu de crédit aux décideurs du système dans l’existence d’une quelconque volonté de démocratisation de la vie publique vérifient à leurs dépends que le pouvoir n’est mu que par le contrôle de la société. A l’heure du coronavirus, les dirigeants de faits continuent de s’ingénier à trouver les artifices et autres moyens pour venir à bout d’une mobilisation citoyenne qui durant une année a su redonner espoir, libérer des énergies et remobiliser les citoyens.
En effet, alors que les instances internationales ont appelé solennellement les États à procéder à l’allégement de la population carcérale, la justice et les services de sécurité algériens s’affairent toujours à renvoyer les procès des détenus d’opinion, maintenus de fait, en détention provisoire et distribuent des mandats de dépôt à des activistes encore en liberté.
Pendant ce temps, de nouvelles dispositions liberticides sont introduites pour pourchasser les citoyens, notamment, les militants qui oseraient la moindre critique contre l’arbitraire. La normalisation de la presse privée ne se fait plus seulement par l’intermédiaire de la manne financière de l’ANEP. La main de l’étranger et l’atteinte à l’unité nationale comme celle de l’atteinte au moral d’une institution sont brandies sous différents fallacieux prétextes.
La volonté d’instaurer un climat d’autocensure est manifeste : seuls ceux qui montrent patte blanche trouveront grâce dans la nouvelle Algérie incarnée par l’installation de Tebboune au poste de chef de l’Etat.
A coté du rétrécissement du champ des libertés fondamentales, le populisme, l’improvisation et la fuite en avant constituent le reste du programme du nouveau pouvoir de fait.
Ainsi, pour faire face au problème de manque de ressources financières à cause, essentiellement, de la chute drastique du cours des hydrocarbures, on divise par deux les dépenses de fonctionnement. Question : dans quels secteurs ces coupes budgétaires seront-elles opérées au moment où les dépenses de santé, des collectivités locales et de solidarité en direction de millions de précarisés sont appelées à augmenter ?
Aussi, la décision de mettre fin purement et simplement à l’année scolaire et universitaire alors que, comme partout dans le monde, il s’agit de rechercher des solutions moins expéditives pour sauvegarder l’intérêt des élèves et des étudiants ainsi que du fonctionnement futur du secteur, ne peut s’expliquer sans prendre en compte l’attrait du gain financier immédiat qu’elle constitue. Plus que jamais, tout est tourné vers l’urgence dans une irresponsabilité politique totale dont les conséquences sont déjà funestes.
Cette logique comptable suicidaire est de mise partout. Au niveau de l’entreprise Sonatrach, une note datée du 12 avril dernier indique que la révision du budget 2020 se traduira pour la seule activité forage par des compressions d’effectifs dans les filiales (ENTP, ENAFOR ENSP, BJSP, MIA, BASP, HESP). L’impact de cette réduction du plan de charge sur les sociétés de gardiennage et de catering « pourrait atteindre le licenciement de 5200 agents pour 2020 », conclu le rédacteur du document. Que dire alors des milliers de travailleurs mis à la porte du fait d’une brutale décision de mettre fin au montage dans plusieurs branches industrielles et les mises à l’arrêt d’entreprises faute d’intrants ?
Dans les faits, le régime prépare une véritable explosion sociale comme alternative au mouvement pacifique de Février. Ce n’est pas la ridicule révision du SNMG qui pourra convaincre les millions de citoyens jetés dans le chômage et la précarité de faire confiance à un pouvoir préoccupé par sa seule survie.
A tout cela s’ajoute l’instauration d’un climat de règlement de comptes factionnels pour le contrôle des appareils de répression politique et sociale. C’est dans cette atmosphère, pour le moins surréaliste, que les parrains du système publient les triturations qu’ils comptent introduire dans la constitution pour tenter de sauver le système en place.
Le RCD condamne l’autoritarisme et le mépris des tenants du pouvoir envers les populations. Il ne saurait s’inscrire dans une démarche qui tourne le dos à la souveraineté du peuple et à son droit inaliénable de refonder son Etat et de se donner les institutions de son choix.
Alger le 14 mai 2020
Le Secrétariat National du RCD