Le Secrétariat national du parti a tenu sa session mensuelle ordinaire, à Alger, le 14 août 2020. Abordant le volet organique, les membres de l’Exécutif ont fait une évaluation des sorties des cadres à travers le territoire national pour structurer et /ou dynamiser l’activité des militants autour des préoccupations des citoyens. Les pressions que subissent certains nouveaux militants dans le parti, en particuliers des jeunes qui ont émergés, dans les wilayas de l’intérieur, dans le mouvement de Février 2019, nous dictent de hâter cette structuration pour construire des solidarités et homogénéiser la compréhension et l’intervention politiques de l’ensemble des sections. L’impasse politique du régime ne doit en aucun cas conduire au désespoir mais renforcer l’élan et la volonté des jeunes à s’organiser dans des partis et associations autonomes pour faire aboutir le changement démocratique tant espéré à travers l’action politique et pacifique.
Le Secrétariat national rend ainsi hommage au collectif militant mobilisé dans l’organisation de la solidarité et contre les nombreuses atteintes aux libertés. Il rend également hommage aux élus dans leur travail au quotidien pour venir en aide aux populations durant toute cette période de difficultés sanitaires et sociales aggravée par la répression et la restriction de toutes les libertés.
Aucun doute n’est permis: la façade civile issue du coup de force du 12 décembre2019 n’a qu’une seule feuille de route qui consiste à protéger le régime contre la volonté du peuple mobilisé pour mettre fin au système politique qui l’opprime. L’impasse programmée, en vérité déjà consommée, de cette politique risque de mener le pays vers l’irrémédiable, et, seule la poursuite de la révolution de Février sous toutes les formes de protestations pacifiques peut sauver notre pays du chaos qui le guette.
Qui peut croire, en effet, que le maintien en prison et la poursuite d’arrestations de citoyens dont le seul tort est d’exercer leurs droits constitutionnels par l’écrit ou la parole peut participer de la recherche d’une issue positive à la crise multidimensionnelle que vit le pays? Qui peut croire que Khaled Drareni, en couvrant les actions du hirak et les activités de l’opposition démocratique prenait part à une opération d’« atteinte à l’intégrité du territoire national et incitation à attroupement non armé »?
Qui peut croire que les règlements de comptes entre factions du système par la mainmise sur l’appareil judicaire, qui plongent des cadres et des opérateurs économiques dans la peur de l’arbitraire et la tétanisation, peut être l’œuvre d’un pouvoir soucieux de relancer la machine économique et résoudre l’immense problème du chômage qui menace la stabilité même du pays ?
Qui peut croire enfin que la recompilation de la Constitution peut ouvrir une ère de droits alors que l’actuelle est piétinée tous les jours notamment dans les tribunaux de la république ?
En vérité personne, à commencer par les acteurs de cette cabale contre la Nation.
Sauf à aggraver la crise de légitimité et de défiance vis-à-vis des institutions, le RCD estime qu’il ne sert à rien de se défausser, à répétition, sur des complots internes et externes pour justifier l’échec et la chasse aux sorcières contre les journalistes, les activistes du hirak, les partis politiques, les syndicalistes, les élus et les opérateurs économiques qui ne rentrent pas dans les calculs d’un autoritarisme, de surcroit dénué de toute culture d’Etat.Seul un pouvoir légitime s’appuyant sur un Etat de droit démocratique est à même de remettre le pays sur la voie de la stabilité, du progrès et du développement.
Les haraga sont des jeunes qui s’épuisent à ramasser dinar après dinar pour acheter un « droit » de risquer leur vie en mer. Les étudiants qui font la chaine dans les consulats étrangers sont aussi des jeunes qui veulent se donner les conditions de réaliser leurs projets de vie. S’il faut autre chose pour les convaincre de partir à tout pris, l’imprévoyance, les incohérences et le populisme qui ont caractérisé la gestion de la fin de l’année universitaire en cours et la prochaine rentrée suffisent. En effet, le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, dans une pure logique comptable et de gestion de flux des étudiants, décide de valider le second semestre de l’année en cours en seulement deux semaines d’enseignement en présentiel qui se dérouleront courant septembre et clôture ainsi l’année universitaire en cours. Mieux ou plutôt pis, dans cette fuite en avant on a même assisté au désaveu du chef de l’Etat par le ministre du secteur quant à l’accès au master et au doctorat.
Le secteur sanitaire n’est pas en reste, les personnels de la santé publique qui protestent veulent de meilleures conditions de travail, ils savent que les violences qu’ils subissent, en particulier dans les urgences, ne peuvent être endiguées que par la mise en place de moyens pour améliorer la prise en charge des patients. Les autres catégories sociales qui défendent leurs droits à une vie digne sont d’abord des chefs de familles qui ne veulent pas que leur pays sombre dans une course pour le contrôle d’une rente et l’impunité.
Il ne s’agit pas simplement de tracer un tableau noir. La poursuite de cette politique de fuite en avant et d’autoritarisme est celle là même qui a conduit le pays dans le désespoir et la crise.
Treize mois de mobilisation pacifique, interrompue par la pandémie, ont démontré que le changement dans l’ordre était possible. Ils ont démontré surtout que le peuple algérien ne demandait que de se mettre au travail derrière un gouvernement issu de sa volonté pour construire son pays.
Le RCD est convaincu que rien n’est encore perdu. Seul un compromis démocratique pour conduire une période de transition dont la finalité est l’expression du peuple souverain, rassemblera les Algériennes et les Algériens pour tourner la page de l’autoritarisme et prendre le chemin du progrès dans la garantie de l’égalité en droits et l’alternance par la seule voie des urnes.
Alger, le 15 Août 2020
Le Secrétariat national du RCD