Le secrétariat national du RCD a tenu sa réunion mensuelle, vendredi 23 octobre 2020, au siège national du parti à Alger. Il a mis à son ordre du jour l’analyse de la situation générale du pays à la veille, d’une part, d’un simulacre de référendum pour triturer, une fois de plus, la constitution et, d’autre part, la régression sans précédant de l’exercice des libertés sur fond d’une chasse aux sorcières contre tout opposant au pouvoir de fait.
Le RCD constate avec regret que les dérives ayant marquées l’ère du président déchu sont reconduites d’une manière plus ostentatoire, encore, dans une situation de fragilité du tissu social, de panne financière, de régression économique et d’incertitudes aux plans régional et international.
Alors que la dynamique de changement enclenchée en février 2019 nourrit toujours le corps politique et social, le pouvoir installé par l’Etat-Major de l’armée, en décembre 2019, s’échine, à la faveur de la crise sanitaire et à coups de milliards, à réorganiser une clientèle moulée dans les arcanes des prébendes, de la corruption et de l’obéissance servile. Signe de cette dérive, dans le projet de loi de finances 2021, la totalité des recettes de la fiscalité pétrolière et ordinaire du pays est destinée aux seules dépenses de fonctionnement. En un mot ou en plusieurs, l’essentiel des ressources vont alimenter les lourdes dépenses des appareils de répression, la réinsertion des clientèles à travers des échéances électorales et la propagande du régime. Dans ce scénario catastrophe, les dépenses d’équipements pour lesquelles aucune ressource propre n’est prévue vont servir de variable d’ajustement, c’est-à-dire qu’il y n’aurait de dotation financière que si au cours de l’exercice budgétaire seraient dégagées des ressources dans l’Algérie nouvelle.
Le pendant inévitable de cette fuite en avant est le musellement de toute voix discordante. L’instrumentalisation de l’appareil sécuritaire, administratif et judicaire pour le compte de l’option autoritariste choisie par l’Armée n’as pas de précédent. Certains font le parallèle avec la répression et les dépassements qui ont suivi le coup d’Etat de l’armée des frontières contre le GPRA. Il y a certes une situation différente au plan interne et externe mais la brutalité et la stigmatisation à l’endroit de militants et de patriotes sont érigées en règle pour tenter d’assoir un pouvoir en tout point de vue illégitime voire antinational.
L’implication du commandement militaire dans ce processus ne fait pas de doute et donne matière à des interrogations légitimes. Connu pour sa discrétion, somme toute normale pour un militaire de carrière, le chef d’Etat-Major de l’ANP, médiatise les visites du chef de l’Etat au siège du MDN et s’implique plus que les membres de l’exécutif dans la promotion de la révision de la constitution. Aucun acteur de la scène politique nationale ne peut manquer de s’interroger sur une telle attitude. Certains penchent sur l’incapacité de Tebboune à faire cesser les guerres de chapelles dans le système et à entrainer derrière lui les centres du régime, d’autres estiment que la nouvelle doctrine interventionniste imprimée à l’Armée dans le texte de cette révision de la constitution rencontre des résistances sérieuses dans le sérail. Les visites du secrétaire à la défense des Etats Unis et du ministre des Affaires étrangères de l’ancienne puissance coloniale en pleine campagne électorale référendaire ne peuvent être des faits anodins.
Le RCD ne cultive ni la victimisation ni la singularité pour plaire aux uns ou aux autres. Il se veut un creuset des luttes citoyennes pour l’émancipation et la révolution démocratique du peuple algérien. Pour ce faire, il met en avant l’unité la plus large, la recherche du compromis qui suppose une volonté politique et un climat apaisé pour promouvoir la seule option viable : l’alternative démocratique. Les attaques répétées contre notre parti et la cabale orchestrée contre son président ne sont pas de nature à nous faire dévier de ces objectifs que nous défendons publiquement, en particulier, dans le Pacte de l’Alternative Démocratique (PAD). La décision de Mohcine Belabbas de se présenter devant la gendarmerie nationale au mois de juin dernier est en elle-même un renoncement à son immunité parlementaire. La comédie jouée à l’APN, dont l’écrasante majorité des membres est issue de la corruption, ne trompe personne. Elle est destinée à faire peur aux militants et citoyens qui refusent le fait accompli du détournement de la souveraineté du peuple. C’est aussi le sens à donner à la suspension arbitraire du Maire d’Afir dans la Wilaya de Boumerdes, le jeune Sofiane Oumelal. Il s’agit, pour le pouvoir de fait, de faire peur aux élus qui refusent de s’impliquer dans le hold-up de l’Algérie nouvelle.
Le Secrétariat national se félicite de la solidarité agissante de forces politiques, syndicales, de corporations, de personnalités nationales et de citoyens contre cet arbitraire. Il dénonce cette politique du pire et appelle l’ensemble des patriotes à agir pacifiquement pour l’avènement d’une autre alternative conforme aux sacrifices et aux aspirations du peuple algérien pour vivre dans un pays de libertés, de démocratie et de solidarité.
Alger, le 23 octobre 2020
Le Secrétariat national du RCD